Hello, ici Shaërazade !
Je vous passerai la définition Larousse du mot « Légitimité » qui j’en suis sure vous parle. Rien d’étonnant dans le fait que ce mot soit féminin car paradoxalement en manquer et ne pas se sentir légitime est justement une problématique très féminine ! Quand on parle à l’égard d’hommes entrepreneurs du syndrome de l’imposteur, j’ai remarqué que celui qu’on associait en miroir aux femmes était celui de ne pas se sentir légitime. Cela n’est pas une maladie me direz-vous, mais si je souhaite aborder ce sujet avec vous aujourd’hui et si j’ai voulu qu’il soit le premier sujet que je vous partage ici, c’est parce que lever ce frein peut nous faire accomplir des miracles, nous sentir capables !
Alors, avant de vous proposer des tips pour vous sentir enfin légitime, j’aimerai vous partager dans un premier temps ma propre expérience (car oui ce syndrome m’a habitée durant des années !) mais aussi les constats des multiples échanges que j’ai eu avec des femmes ces 3 dernières années.
Comment le manque de légitimité m’a empêchée de passer à l’action ?
Depuis l’âge de 16 ans, je rêve d’entreprendre. Pourquoi, comment cette idée s’est glissée dans ma petite tête, je ne sais pas. Ce que je peux vous dire, c’est que dès mes premiers jobs étudiants (à l’époque dans une chaîne de fast food, puis dans un grand groupe de prêt à porter) je me suis toujours mise à la place de mes boss et ceux qui étaient à l’origine des sociétés pour lesquelles je travaillais. Au début c’était cool de se projeter et les admirer… Puis au bout de quelques années, alors que j’occupais des postes intéressants et pourtant stimulants, une frustration a commencé à germer. Eux l’avaient fait, mais pas moi. Ma place n’était plus suffisante. Cette frustration a été un signal et j’ai commencé à me dire
« Et si moi aussi je tentais ma chance, si j’entreprenais ? ».
Et bien non, ce n’était pas aussi simple que cela, car mon mental en avait décidé autrement. C’était un brouhaha incessant dans ma tête me rappelant que ; je n’étais pas assez bien née (j’étais convaincue qu’il fallait avoir des parents riches pour avoir le droit entreprendre, je sais c’est débile et c’est surtout faux), je n’étais pas assez diplômée, je n’étais pas assez intelligente, je n’étais pas assez charismatique, je n’étais pas assez tout court ! Et là, on touche du doigt ce fameux manque de légitimité. Je pensais que les bons diplômes, le compte en banque bien garni, le cerveau bien rempli et des parents aux bras longs étaient les clés indispensables pour entreprendre, et je me trompais. En fait, il fallait surtout de l’audace et le goût de l’aventure.
Peut être l’avez-vous remarqué au cours de votre vie, plus on refoule un désir profond, plus il nous revient x 1000 en pleine face. Ce fut mon cas à mon retour de congé maternité en septembre 2016. A fond investie dans mon job de l’époque en tant que commerciale dans le secteur de la publicité par l’objet, je commence à faire des crises d’angoisse. Je ne comprends pas ? J’ai tout pour être heureuse, tout va bien sur le papier… et pourtant, à plusieurs reprises je rentre du travail en sanglots. Je commence à me faire suivre, car je suis plutôt du genre à me remettre en question quand ça ne va pas et chercher des réponses. Là je n’en ai pas et je ne peux pas rester comme ça. Je découvre alors l’origine de mes crises : je ne suis plus à ma place dans mon travail. Et cela, ma tête l’avait compris depuis bien longtemps ! Mais cette coquine avait décidé de garder l’info pour elle et surtout de garder le contrôle. Je ne me sentais pas légitime et ne concevais pas l’action comme une solution à mes frustrations ! C’est donc mon corps qui a décidé de stopper la machine comme un dernier signal pour me dire « Pars !! Vas !! Réalise-toi !! Autorise-toi !! »
Verdict : je prends la décision de quitter mon job avec mon confort, mes habitudes de salariée, une équipe que j’adore, une voiture de fonction, un salaire … Bref, la sécurité, enfin je pensais que c’était cela la sécurité à l’époque. J’ai constaté bien après qu’on se crée nos propres illusions de sécurité alors que la vie est une incertitude permanente.
Me voilà fin septembre 2017, je viens de dire au revoir à mes collègues et je suis seule chez moi à écrire une nouvelle page : Shaërazade entreprend !
Je pensais avoir levé tous mes freins et surtout ce manque de légitimité, mais ce qui a suivi a été encore plus révélateur et bien qu’éprouvant, ce fut un vrai travail de guérison pour me sentir enfin légitime.
J’ai alors compris que c’était dans l’action que naissait la légitimité. Elle ne s’invente pas, elle ne tombe pas du ciel. C’est nous qui pouvons et devons aller la chercher.
J’ai eu le courage et la détermination de créer de nombreux événements à Lyon afin de permettre à des femmes de développer leur cercle amical et professionnel. Chaque petit pas était une victoire, mais durant les deux premières années : je ne me sentais toujours pas légitime. J’avais créé un réseau de femmes qui commençait à faire du bruit à Lyon mais me sentais toujours illégitime. Comme si, tant qu’on ne venait pas frapper à ma porte pour me dire « Shaërazade, tu es entrepreneure, fédératrice, professionnelle de l’événementiel et tu es officiellement reconnue comme telle, validée par l’ensemble de la profession, welcome ! » je n’y croyais pas.
Comment ce syndrome se matérialisait même après avoir franchi le cap de quitter le salariat ? Et bien, je me limitais, je posais des actions sans forcément m’autoriser à prendre ma place et faisais passer les autres avant moi. Je laissais les opportunistes me « décentrer » c’est à dire que je prenais les sollicitations extérieures à la lettre même si celles-ci n’avaient aucun intérêt pour moi ou mon activité. Je pensais que je n’avais pas encore assez d’expérience pour être officiellement leadeuse d’un club féminin et qu’il fallait que j’organise des centaines d’événements avant de me rémunérer. Attention vous risquez d’avoir des sueurs froides mais oui, durant de nombreux mois, je reversais toutes les recettes de mes événements aux établissements qui nous recevaient… Normal quoi ! Oui !! Je bossais comme une malade pour rassembler des femmes, je bookais chaque événement en moins de 48h et fournissais des heures de travail innombrables pour au final ne rien me verser. J’estimais que mon travail n’en était pas un et que je n’étais pas légitime car vendre de la bienveillance entre femmes ça n’existait pas ? Mes partenaires n’étaient pas fautifs. J’étais la seule responsable de cela.
Il en a fallu des événements et expériences pour comprendre l’une des plus belles leçons de ma vie : la légitimité, personne ne viendrait me l’offrir sur un plateau, c’était à moi d’aller la chercher et la revendiquer.
Et puis, je me suis rendue compte que je n’étais pas la seule …
J’ai la chance immense de côtoyer énormément de femmes, toutes plus inspirantes et bienveillantes les unes que les autres. J’ai créé un club qui prône des valeurs de sororité et j’attire donc à moi et au sein du club des femmes de tous horizons avec leurs histoires, leur blessures, leurs parcours, leurs compétences, leurs singularités, leurs projets et pour beaucoup : leur manque de légitimité.
C’est en les écoutant et en ouvrant la parole lors des événements ou consultations individuelles que j’ai découvert à quel point le manque de légitimité était beaucoup plus fréquent que je ne le pensais. J’avoue, je me suis sentie moins seule !
Je savais à quel point les statistiques étaient justes. Les femmes osent moins entreprendre. Les femmes osent moins demander une augmentation. Les femmes osent moins demander des sommes importantes lors de levées de fonds. Les femmes osent moins postuler à des postes à haute responsabilité. Mais entendre cela de leur bouche plutôt que lire des chiffres, c’est encore plus troublant !
Si vous saviez le nombre de femmes qui nous/m’ ont partagé leur incapacité ou freins à réaliser leurs rêves (pro ou perso) car elles ne se sentaient pas légitimes. Lors des événements Team Fourmis on parle souvent création d’entreprise. Non pas que j’incite les femmes à entreprendre, je les invite à s’écouter et se réaliser. Et force est de constater que l’entrepreneuriat est pour certaines une réponse à leur besoin de liberté, d’autonomie et de créativité.
Pour ne prendre qu’un seul exemple ; lors d’une consultation individuelle avec une coach qui avait besoin de se booster à son tour nous avons évoqué ses problématiques. L’une d’entre elles : elle n’était pas payée à sa juste valeur. Ses clients le voyaient bien et en profitaient. Encore une fois, ils n’étaient pas responsables des prix que proposait ma cliente. Et puis, ils n’allaient surtout pas lui demander de les augmenter. Mais le problème venait bien de son manque de légitimité. En creusant, nous nous sommes aperçues qu’elle était convaincue qu’elle n’était pas coach depuis assez longtemps, ou pas assez connue, n’avait pas assez de clients pour pratiquer des prix à la hauteur de la qualité de son travail.
Prendre conscience de mon manque de légitimité c’était une chose. Mais en être spectatrice, le voir à l’extérieur, c’était encore plus frappant. Ce problème ne vient pas des autres, mais de nous. Et donc nous pouvons changer. Nous pouvons dépasser cela. Comment ?
Voici mes tips pour vous offrir une jolie « Box de légitimité »
- Dites-vous personne ne viendra vous offrir votre légitimité comme on décerne un diplôme. Vous êtes la seule personne à pouvoir vous convaincre que vous êtes légitime. Tout comme vous êtes la seule variable de votre réussite. N’attendez pas qu’elle vous tombe du ciel !
- Evitez les comparaisons et remplacez-les par des sources d’inspiration.
- Passez à l’action, car c’est dans l’action que l’on se sent légitime. On teste et on apprend.
- Honorez-vous et soyez fière de chaque petit pas. Cette fierté est indispensable pour vibrer la légitimité ! Et quand on la vibre, les autres le ressentent. Quand ils le ressentent, on la reçoit en retour. CQFD.
- Offrez-vous la reconnaissance que vous méritez. Attendre la reconnaissance est une forme de manque de légitimité. Bien évidemment, vous pouvez toujours vous remettre en question pour évoluer et progresser. Vous pouvez demander des avis et alors, s’ils sont positifs, imprégnez-vous en. Mais surtout, si vous faites quelque chose de bien, sachez mettre le doigt dessus et reconnaître la qualité de vos efforts et/ou de votre travail.
- Si vous pensez être à votre place, alignée avec vos valeurs et que vous faites les choses avec le coeur : vous êtes légitime !
- Rappelez-vous que les diplômes c’est bien, mais ce ne sont pas vos diplômes qu’on achète, c’est vous !
- Remplacez chaque pensée limitante par une pensée positive : « Je ne suis pas assez qualifiée pour ce poste » // « Je vais leur prouver que je suis la meilleure pour ce poste ! »
- Inspirez-vous de personnes qui ont réussi à s’affranchir de situations où leur environnement leur rappelait qu’ils n’étaient pas légitimes : Charles Aznavour par exemple pour n’en citer qu’un !
- Entourez-vous de personnes qui croient en vous et prenez des distances avec celles qui vous laissent croire que vous n’êtes pas légitime ou capable.
- Imprégnez-vous de mantras positifs en les récitant à voix haute, ou prenez-vous un moment pour pratiquer des méditations d’affirmations positives
- Ecoutez des podcasts type Femmes Puissantes de Léa Salamé ou encore RÉELES de Estelle Abbou. Vous constaterez que les Success stories et la réussite ont parfois nécessité beaucoup de self légitimité !
Pour finir sur ce sujet qui me tenait tant à coeur, je vous ouvre encore mon coeur et j’aimerai honorer ce que je viens de vous partager.
J’aurai très bien pu refuser la proposition de Sophie lorsqu’elle m’a proposé de vous écrire ici. J’aurai pu me/lui dire que je ne suis pas légitime pour écrire et que je ne suis pas autrice, journaliste ou blogueuse… J’aurai pu. Mais à aucun moment je ne me serai autorisée de le dire ou même le penser. Tout est juste. Tout arrive pour une bonne raison. Et personne ne viendra frapper à ma porte pour me dire que j’ai le droit ou mérite d’écrire.
Offrez-vous cette légitimité et passez à l’action !
Avec AMOUR <3
Shaërazade Estèbe
Fondatrice Team Fourmis